Rencontre inattendue

Encore une réception ! Cette fois-ci, Elena avait eu la permission de rester dans sa chambre et de ne pas y participer. Chose qui était assez exceptionnelle puisque, pour une raison inconnue, sa maîtresse aimait l’avoir à ses côtés lors des événements mondains. Peut-être que le fait d’avoir recueillie la fille d’une couturière lui attirait la sympathie, ou peut-être qu’elle connaissait le but d’Elena, en tout cas, qu’importe puisque, pour une fois, elle avait quartier libre. Et, bien qu’elle eut dû rester dans sa chambre sagement à attendre sa maîtresse en cousant ou en faisant tout ce qu’une jeune fille bien élevée doit faire, son cœur rempli de haine lui dicta une autre conduite. La plupart des nobles étaient à la réception ? Et bien, elle allait en profiter, alors !

C’est donc pour cette raison que nous avons en ce moment l’occasion de voir cette jeune fille traverser en catimini les couloirs sombres et froids du palais. Elle avait revêtu, pour l’occasion, une robe couleur rosé avec, par-dessus, une cape grise qui lui permettait de se « fondre » dans le paysage. Elle pouvait même mettre le capuchon sur sa tête pour passer tout à fait inaperçue, au cas où des nobles décideraient de passer plus tôt. Mais ce n’était pas vraiment les nobles qu’elle redoutait le plus. C’étaient les domestiques ! Son statut privilégié n’était pas vraiment aussi idyllique qu’on pourrait le croire puisqu’il la rendait étrangère aux deux mondes qui sévissaient dans le palais. Pour les nobles, elle était certes la protégée d’une haute dame mais elle restait une bourgeoise qui avait grandi dans les bas quartiers.

Cependant, c’était bien plus grave avec les domestiques puisque ceux-ci la considéraient comme une ennemie à abattre. Pour elle ne savait quelle raison, elle avait réussi à se mettre tout le personnel à dos ! Peut-être cela venait-il de son habituel air rêveur, ou du fait qu’elle avait le droit de manger à la table de sa maîtresse et non pas avec les domestiques dans la cuisine. Enfin, elle ne se posait plus la question depuis longtemps, en plus, aucun d’entre eux ne pouvait lui être utile pour sa vengeance, elle ferait donc avec et ferait attention à ne pas leur donner d’armes pour la faire renvoyer ou l’humilier. C’est donc pour ça qu’elle se renfonçant dans un recoin obscur en entendant des bruits de pas qui s’approchaient.

Malheureusement, ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était la porte derrière son dos. En fait, elle ne venait pas souvent dans cette partie du château, c’était celle de la famille royale et sa maîtresse logeait à l’opposé. Surprise, Elena n’eut que la présence d’esprit de ne pas pousser de cris. Elle ne put donc pas se rattraper et tomba lourdement sur son joli derrière. Là, elle resta allongée un moment, vérifiant qu’elle n’avait rien de casser et attendant, pour se relever, que la douleur s’atténue un peu. Il fallait pourtant qu’elle se relève ! Si jamais il y avait quelqu’un dans la pièce, elle était cuite !

Plusieurs heures c'étaient écoulées depuis qu'il s'était assit à son bureau. Le bois sombre de celui-ci reluisait de par l'épaisse couche de vernis dont il avait été l'objet. C'était un prestigieux bureau qui autrefois appartenait à son père. Il en a hérité, tout comme le titre qui allait avec.
L'épaisse table de bois était large et longue, suffisamment pour accueillir une série de dossier, paperasse et autres objets plus étranges les uns que les autres. Un petit globe était posé sur le recoin supérieur gauche.
La seule lumière qui l'éclairait était celle d'un chandelier posé à coté de lui, l'ombre de sa plume dansait sur le bureau à mesure qu'il rédigeais ses travaux, des travaux qu'il avait d'ailleurs prit des années à réalisé.
Autour de lui, un champ de bataille, des cadavres de livres éventrés, ouverts sur le sol, éparpillé, des étagères dérangées des piles de livres non rangés, rien d'ordonnée, uniquement la pagaille et la désolation....

D'épais rideaux avaient été fixés aux larges fenêtres qui donnaient sur la ville, ils étaient fermés et complètement opaque à la lumière. Comme si le temps avait cessé de tourné dans cette pièce, comme si nuit et jour avaient fusionnés en une nuit éternelle éclairé de la faible lumière des bougies qui se consumait.
Il était là, assit depuis des heures... Des jours peu être? Il ne sait plus, le tic tac de la montre à gousset pausé prêt de lui ne lui faisait plus rien désormais, le son avait fusionné avec le silence de la pièce et ne l'empêchait pas de travailler, tout comme le bruit de sa plume qui grattait feuilles après feuilles les marquants chacune d'encre noir onyx.
Ses longs cheveux fins étaient rassemblés en queue de cheval qui reposait sur son épaule droite, descendant tel une cascade de ténèbres sur son épaule dont quelques mèches échouaient sur le bureau. Ces yeux bleus azurs perçait dans la pénombre et regardait sans ciller la feuille qu'il rédigeait.

Aussi, quand un bruit vint briser le silence il se tourna sitôt vers la source de cette perturbation sonore. Un regard stoïque, un visage à la fois serein et agacé, posant sa plume il était bien décider à découvrir qui ou qu'est-ce qui était à l'origine de ce bruit. Se levant, sa longue robe pourpre tomba au sol de lourdeur. Faites de soie, le pourpre était la couleur du pouvoir impériale. Nul ne pouvait en porter mis à part lui et ceux qui incarnait son pouvoir, elle était somptueuse, sertie d'onyx au niveau des manches de petits fragments cousu formaient des arabesques le long des manches et du col. Aussi, les boutons étaient de tissus, tous fermés jusqu'à ces hanches, au-delà la robe se fendait jusqu'au sol laissant transparaître un pantalon couleur nuit, il avait chaussé ses bottes de cuir noir et était décidé a aller jeter un oeil dans la pièce d'à coté. Marchant d'un pas lent, sa robe traînait derrière lui comme une seconde ombre de tissus pourpre et noir. Au niveau des épaules des décorations d'or avaient été ajoutée mais aucune lumière n'était là pour les faire briller, trop loin de la chandelle. Aussi, hâtivement il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec une jeune fille.
Au vu de ses accoutrements, elle n'était pas de la même classe que lui, elle était là, assise devant lui. Son regard hautain sondait la jeune fille, il la regardait la tête haute, dominant la pièce autour de lui.

« Tiens donc... Une invitée. » Commença-t-il d'une voix monocorde.

Il se demandait réellement ce que cette jeune de basse classe faisait ici, mais le temps n'était pas à cela, pour l'instant, il devait voir à qui il avait à faire, ensuite, des questions plus importantes se poseraient, chaque chose en son temps.

[ Excuse- moi pour le retard, examen oblige]

Elena essayait péniblement de rassembler son courage pour se relever quand un bruit de froissement de tissu parvint à ses oreilles. Morte de peur, elle se pétrifia, osant à peine respirer, comme si son immobilité pouvait réussir à la faire devenir invisible. Malheureusement, le résultat n’était pas vraiment celui escompté, d’ailleurs, après le boucan qu’elle venait de faire en déboulant dans la pièce, c’était plutôt logique. En tout cas, les bruits s’avançaient vers elle et la jeune fille avait l’horrible impression que son cœur allait bondir hors de sa poitrine pour atterrir aux pieds de … l’empereur !

Oh bon sang ! A sa vue, Elena se redressa de son mieux avant de se relever rapidement, le contact de son petit derrière sur le sol dur étant un peu trop douloureux après sa chute. Tétanisée, elle n’arrivait pas à s’arrêter de fixer la robe pourpre que portait l’homme qui lui faisait face. Alors, si elle y réfléchissait bien, non seulement elle était tombée sur un noble, chose qu’elle avait voulu éviter à tout prix, mais en plus elle était tombée sur le Kaiser ! Et, au vu du tissu pourpre qu’il portait, il n’y avait aucun doute possible !

Les yeux grands ouverts et une franche expression de terreur peinte sur son joli minois, Elena ne savait pas quoi faire, elle n’arrivait même pas à rassembler assez ses esprits pour s’enfuir. D’ailleurs, à quoi cela aurait-il servi ? L’empereur, car c’était bien lui ! même si elle avait encore un peu de mal à se faire à cette idée, pouvait ameuter tous les gardes du château en un seul claquement de doigts. En tout cas, pour l’instant, il n’avait rien fait. Il n’avait même pas l’air fâché et c’est ce ton indifférent qui lui donna la force de relever la tête et de le regarder, quand même pas droit dans les yeux, mais au niveau de sa poitrine, c’était déjà bien, avant de lui répondre, d’une voix affreusement tremblante :

« - Je… je m’appelle Elena Shean… »

Autant se présenter toute suite, et sans lui dire de mensonges, peut-être que son courage réussirait à l’impressionner un peu ? C’est cette pensée qui la fit le regarder droit dans les yeux, même si elle continuait à trembler de tous ses membres. Au moins, elle gardait la tête haute ! Bien plantée sur ses deux petits pieds, elle reprit la parole mais pas pour s’excuser ou fournir des explications. Elle voulait paraître sûre d’elle-même, il fallait donc qu’elle fasse preuve d’un horrible culot ! Elle pouvait le faire !

« - Je… »

Apparemment, non. Elle ne pouvait pas le faire… Elle était trop intimidée et, à son grand dam, sa voix s’était transformée en une espèce de couinement étouffé. Elena fit une légère grimace avant de reculer d’un pas. Tout compte fait, peut-être que la fuite valait mieux… De plus en plus nerveuse, elle jeta un coup d’œil affolée derrière elle, à la recherche de l’endroit par où elle était entrée. Malheureusement pour elle, la pénombre qui régnait dans la pièce l’empêchait de voir la porte. Elle était coincée ! Et avec l’empereur !

[Aucun problème, je comprends parfaitement ^^]