Séduisante colère...

La princesse entra avec fracas dans ses appartements. Elle sortait de sa réception et était dans une grande colère. Elle voyait rouge. Elle fit pendant quelques secondes les cent pas, la figure écarlate. Elle ne suportait pas un tel afront. Elle se laissa tomber sur son lit à baldaquin, raide comme un balais et regarda le plafond, ses cheveux formant une auréole autour de sa jolie tête. Elle était charmante quand elle se mettait en colère contre un homme.
Sa chambre était belle, spatieuse avec des couleurs chaudes et correspondait à merveille avec le tempérament de la jeune femme. Les murs étaient parsemés de tableaux de grands maîtres, certainement d'une très grande valeur. Son lit avait des tentures pourpres et dorées qui scintillaient doucement quand elle bougeaient. Les meubles étaient de bois de merisier d'une couleur un peu orangée. Des comodes, des armoirs remplis de robes et de jupons étaient le riche mobilier de sa chambre à coucher.
Les autres pièces adjacentes étaient sa salle de bain et un petit salon-bibliothèque. Sa salle de bain était d'or et de vert émeraude, avec des tissus de soies un peu partout qui faisaient que l'on se crorait dans un monde féerique. Une grande baignoire trônait au centre de la pièce, en fer recouverte d'un tissu blanc. Tout autour, des étagères avec une multitude de bocaux contenant des parfums, des huiles, des senteurs pour l'eau du bain.
Son petit salon faisait office de bibliothèque et de petite salle privée pour recevoir les gens proches, donc ceci était rare. C'était une pièce chaleureuse dans les tons marrons avec des canapés, des étagères où étaient rangés des livres, beaucoup de livres. Sur le côté il y avait un bar avec des sièges et des bouteilles de wisky. C'était d'ailleurs la seule boisson alcoolisée que pouvait avaler la jeune femme, avec du jus d'orange ou pur de préférence.
Revenons à la princesse, couchée sur son lit. Une servante arriva en trotinant, le chignon de travers, aparemment affolée de l'état de sa maitresse.

- Je veux que vous me désabillez et que vous m'apportiez une robe de chambre, celle en soie de couleur rouge. Et courrez me chercher le messager je vous prie. Demanda t'elle d'un ton sec.

- Oui, Madame.

La bonne se retira précipitament. Lisa se leva et alla dans le petit salon prendre un verre de wisky. Elle l'avala en quelques minutes, attendant que sa servante revienne. Elle refit son apparition, chamboulée, et alla maladroitement retirer la somptueuse robe de la princesse. Son magnifique corps se dévoila, blanc, doux comme du velour. Sans aucune pudeur elle marchait dans sa chambre et se fit amener sa robe de chambre.

- Et le messager, que fait-il ?!

- Il arrive princesse.

A peine avait-elle dit ces mots qu'on frappa à sa porte. Elle vomit un "entrez" et la porte s'ouvrit, laissant apparêtre le messager. Il rougit légèrement en voyant la princesse ainsi vêtue, la robe de chambre à peine fermée, laissant à nu certaines parties de son corps, mais cela ne parut pas la déranger.

- Vous allez faire passer un message pour moi jeune homme. Allez voir le colonnel Soheim et dîte lui de venir de toute urgence. Dîtes que c'est la princesse Van Bord qui vous envoit. Dépêchez-vous !

- Bien Mademoiselle.

Il s'éclipsa rapidement, suivit de la servante. Lisa se calma un peu et s'allongea quelques minutes sur son lit, puis elle prit la direction du petit salon.

Echappatoire des griffes de cette société mondaine, il pouvait enfin se retirer du palais où était donné la réception de la voluptueuse Lisa. C’était d’un bon pas qu’il s’était engouffré au dehors, récupérant au passage ses affaires laissées au vestiaire, sa belle figure affrontait un air frais de fin de soirée, fraîcheur revigorante quoique éphémère. Ses pas teintaient sur les pavés de la cour, marquant sa présence qui n’était plus qu’une ombre, pourtant on le rattrapa bientôt, l’interpellant de vive voix au timbre clair et juvénile. S’était-il montré l’auteur d’un quelconque crime pour une telle poursuite ?
Se retournant dans toute sa splendeur, il put faire face à son interlocuteur, un adolescent grand, pâle à l’air maladif et maigre tel une planche de pain. Ce dernier sous le regard du militaire, désarmé, baissa les yeux, s’inclinant devant l’homme avant de lui faire part de son message, de l’avertir que sa présence était souhaitée de toute urgence auprès de la divine précieuse.

« Je ne peux accéder à la requête de mademoiselle Van Bord, je ne pense pas d’être d’une réelle utilité, si la princesse se montre souffrante, nombreux sont les docteurs et le personnel compétent, je ne suis qu’un piètre alchimiste. »

« Mais que ?! Messire Soheim ! Je.. Je vous en prie ! La…princesse semblait dans un tel état ! Cela ne vous prendra pas plus de cinq minutes ! »

Il marqua un instant de réflexion, moment qui parut une éternité pour le pauvre servant qui avait peur de subir les foudres, réputées terribles, de la princesse aînée. Les domestiques lui préféraient sa soeur cadette de nature plus douce...

« Soit alors, je vous suis, soyez mon guide jusqu’à ses appartements… »

Le duo masculin rebroussa chemin en direction du noble et imposant édifice. Passant par des chemins détournés, par des corridors longs et sinueux pour éviter de regagner la réception, l’habile serviteur amena ainsi le colonel jusqu’à devant la porte des appartements de la princesse. Il tapa d’une main leste et légère à la porte de celle-ci, dans un mouvement maniéré, et annonça de cette voix triomphante, modulations qui dénotaient la satisfaction du travail accompli.

« Votre altesse, le colonel James Soheim est là ! Puis-je le faire entrer ? Etes vous disposée à la recevoir ?»

Lui, fidèle à une statue grecque, gardait son calme, patientant calmement sur le seuil de cet antre, chambre qui avait vu tant de cavaliers se succédaient, tant d’hommes qui passaient la porte pour ne plus jamais revenir. Après l’accord de sa maîtresse, le serviteur tourna la poignée, pressant l’ouverture pour la faire céder et disparut comme il était venu. James pénétra légèrement dans ses appartements, restant tout près de l’entrée, inclinant la tête…

« Bonsoir votre altesse, j’ai cru comprendre que vous réclamiez ma présence, en quoi puis-je vous être utile ? »

La jeune femme attendait en tapotant du pied sur le bois du petit salon, un autre verre à la main. Sa robe de chambre en soie rouge était fermée, mais révèlait les formes de Lisa. Elle s'impatientait. Le messager avait maintenant dû poursuivre ce James, et ils ne devraient plus tarder maintenant. On frappait à la porte justement. Elle ordonna de laisser entrer l'objet de ses convoitises.
Il entra dans le petit salon et posa ses yeux sur elle. Lisa eut un frisson. Il demanda en quoi il pouvait lui être utile... Mais qu'avait-il dans la tête ?! Ne conaissait donc t-il point la réputation sulfureuse de la princesse ? Certainement que si... Alors pourquoi jouait-il à ce petit jeu avec elle... Elle voulait jouer avec lui tout simplement ! Mais il avait peut-être peur... Peur qu'elle le fasse uer comme tous les autres. Mais pas du tout, lui il était différent. Si il succombait il verrait bien... Un peu de risque met du piment dans la vie !

- Monsieur Soheim, tout à l'heure à la réception j'ai fait votre connaissance. Alors j'aimerais savoir si ma compagnie vous dérange pour vous être sauvé ainsi... ?

Elle se leva et vint tout prêt de Soheim, effleurant le bout de sa poitrine sur le torse de cet homme qu'elle trouvait décidement à croquer... Elle espérait que son petit jeu fasse son effet, et elle ne comptait pas s'arrêter là. Contrairement aux autres, il n'avait rien à craindre d'elle. Comme toutes les robes de chambre, le noeud de la ceinture ne tiens que très peu de temps. La soie commença à glisser légèrement, grandissant le décolleté.
Soudain elle se retourna et retourna s'assoir sensuellement sur un des canapés, les jambes légèrement écartée, la robe de chambre se déplaçant avec douceur et agacement pour les yeux et les mains.

Le culte du danger n’est rien de moins que le piment de la vie, n’est-il pas ? D’un pas, il s’était avancé dans ce salon douillet à la suite de la princesse qui le conviait dans son antre, dans la sphère dans laquelle elle évoluait de façon avenante et de manière si délicate. Il n’avait pas répondu à ses provocations de mots et de décolleté plongeant, laissant simplement la rencontre de ses orbes ténébreux, puits d’obscurité, avec le regard clair de la belle. S’étant infiltré à sa suite dans ses appartements, il n’alla pas jusqu’à s’asseoir sur l’une des diverses assises où il aurait pu siéger dans toute son élégance. La détaillant de ses yeux plein de noirceur, elle était des plus voluptueuses, il était vrai, on ne pouvait pas le nier ; De plus sa tenue épousait les courbes de son corps en partie où dévoilait par-ci, par-là de succulents morceaux de chairs.
Enfin il desserra les dents, faisant entendre cette voix caressante, ce timbre apaisant qui calmait les hommes et leur donnait courage, ses lèvres désirables et masculines s’ouvrirent donc pour lui répondre.

« Mademoiselle Van Bord, votre altesse, je m’excuse si ma conduite vous a offensé d’une quelconque manière, il est vrai que je suis parti un peu précipitamment, vous étiez en fort bonne compagnie et n’aurait-il pas été encore plus impoli de vous déranger ? »

Reportant son attention sur la pièce qui les entourait, il ne la fixait plus, ne soutenant plus ses yeux dans une joute visuelle, pourtant sa voix poursuivit, visiblement imperturbable par la tenue qu’elle avait revêtue.

« J’ai cru qu’il était arrivé quelque chose ou que vous ne souffriez d’un mal, j’ai bien peur de n’être aucune utilité en ces lieux. Vos invités vous attendent, ne feriez vous pas mieux de descendre pour les voir, votre altesse ? »

N’avait-il pas frisé un court instant l’insolence ? Peut-être bien. N’était-ce pas propre à son caractère, que sa langue fourche subitement pour annoncer quelques foudres ? Il n’avait ajouté mot mais à la vérité, il ne savait la réputation dont elle jouissait dans les hautes sphères…

La vérité étant que la princesse Van Bord était sur le point de lui "foutre une gifle" littéralement, et poliment. Elle le regardait, paisiblement, en apparence, mais en elle ses organes n'étaient qu'ébullition. Son joli minois de princesse trop gâtée était bien mignion, mais dans sa bouche, sans que cela ne se remarque et caché par un sourire trompeur, sa machoire se crispait dangereusement. On aurait pu peut-être entendre ses dents se heurter dans un crissement désagréable. Mais ce sourire de charmeuse, Lisa voyait bien que le gentil et admirable James ne s'en occupait point... Il était bien trop affairé à examiner la pièce qu'à contempler les formes voluptueuses de la Demoiselle... Quoi ?! Etait-il... ? Cela avait effleuré, en effet, l'esprit envoûté de la jeune noble. Ceci étant, elle l'effaça bien vite de sa mémoire, elle ne voulait pas le croire, c'était impossible. Son regard, ses lèvres, tout son être appelait à la chair. Ou bien était-ce, encore une fois, l'esprit envoûté de Lisa Van Bord qui voyait des hommes fait pour la chair et les femmes partout...
C'est un fait, depuis son enfance, notre chère Lisa est faite pour cette chair, la peau, les sueurs de l'effort, l'odeur du plaisir, les regards tendres, les caresses sauvages, les baisers de feu, les étreintes d'amour. C'était un état qui emplissait son être, qui la faisait toute entière, qui la modelait jour et nuit, un état qui faisait qu'elle était Lisa. Même après avoir sculté une réputation comme celle qu'elle avait, avec toutes ces morts accrochées derrière, cela ne semblait aucunement la gêner, ni la ralentir dans sa course effrénée de "chasse à l'homme". Ils étaient tous à elle, et à personne d'autre. Quelques conccurentes, déjà, en avaient fait les frais.
James était comme une obsession, une passion éphémère qui lui paraissait pourtant infinie. Mais avec Lisa, rien n'était infini.
Il lui parla, encore avec une insolence incroyable. A croire qu'il ne se rendait pas compte des affronts qu'il faisait à chaque phrase ! Soit... Lisa ne dirait rien, elle le laisserai faire son petit numéro tout seul, et bien décidée à ne pas entrer dans son jeu, si cela en était un toute fois, elle lui répondit :

- Votre conduite m'importe peu très cher, mais néanmoins faites attention... Je ne suis pas femme qui se laisse marcher sur les pieds. Pour votre information, le jeune homme de tout à l'heure me serrait trop fort, puait le poisson, avait les mains suintantes et les cheveux gras. Donc, non je n'était pas "en fort bonne compagnie" comme vous dîtes. Ah, et en plus, il vomissait ses fin de phrases, c'est exaspérant au plus haut point ! Bref... Il ne m'est pas non plus arrivé quelque chose de grave, rassurez-vous. Mes invités seront très bien sans moi je peu aussi vous l'assurer. Savez-vous que ma réputation n'est pas de celle que l'on voudrait trainer derrière soi... Elle est disont, un peu diabolique sur les bords.

La sourde colère emplissait les veines de la belle, bouillonnant en son sang en prémices de mauvais présages. D’ailleurs, l’aînée des princesses ne se gênait point pour déverser son venin sur le beau colonel, n’avait-elle point imaginé qu’il ne sache un traître mot de ses aventures macabres d’un soir ? Mise en garde, menaces, chantage peut-être ? Par le même péché qu’elle exprimait, elle avait gagné sa complète attention, pourrait-elle continuer à proférer les mêmes insultes, plongée dans le regard sombre du colonel ? Il s’avança sereinement, d’un pas vers elle, de sa stature qui se faisait imposante alors qu’elle était toujours assise dans l’un de ses nombreux divans.
Sa voix calme et claire se fit entendre pour répondre à ses mots.

« Madame, pardonnez moi si vous trouvez que je vous ai manqué de respect, je ne connais pas cette réputation que vous possédez, mais ne faut-il pas se faire une idée des gens en les rencontrant ? »

Posant un genou au sol, il enveloppa sa main des siennes, effectuant un parfait baisemain qui impose de ne toucher de ses lèvres même délicates, le satin rosé de sa partenaire. Un échauffement de peaux, un bref instant.

«Ma chère, je ne peux rester, mais j’ose croire que nous nous reverrons rapidement. »

Le ténébreux se redressa avant de disparaître par l’entrée via laquelle il était apparu, la laissant peut-être rêveuse et frustrée…

[Sortie de James Soheim]

La pauvre belle et sulfureuse princesse resta assise, n'ayant point eu le temps de bouger un petit doigt que son doux avait déjà prit la poudre d'escampette. Merveilleux ! C'était fait, elle l'avait dans le colimateur. Elle se leva, et sonna sa domestique, qui, ayant vu la soudaine sortie du colonnel, se doutait que sa maîtresse ne sera pas calme et sereine, était postée devant la porte des appartements de celle-ci, prête à venir en trombe pour ne pas l'énerver encore plus.

- Madame aurait-elle besoin de quelque chose ?

- Bien sûr, puisque je t'es sonnée pauvre cloche !

- Que Mademoiselle m'exuse, mes propos étaient juste polis...

- Tais-toi petite sotte, et met toi au travail, prépare donc moi ma robe rouge en soie et taffeta. Dépêches-toi !

- Tout de suite...

L'ordre était sorti de la belle bouche en un accent saillant, étrange, presque comme un crachat. Il s'était écrasé à la face de la domestique comme une claque sèche et rapide et qui laisse une marque rosée. La pauvre petite se dépêcha de sortir la magnifique robe de la penderie pendant que la princesse tournait en rond, faisait les cents pas, réflechissait à se petit inconvénient. Ce James commençait serieusement à lui chauffer les oreilles. Mais en même temps, personne n'avait eu le courage de lui résister avant celui-ci, et ceci mettait du piment il fallait dire... Cela l'exitait autant que cela l'énervait.
Ayant enfilé rapidement sa robe, elle décida d'aller faire un tour pour se rafraichir les idées et trouver une stratégie pour l'attirer dans ses filets...

[Sortie de la Princesse Lisa]
[=> Jardin d'Oros]

» Lisa Van Bord